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La carte mentale : un outil à la mode ou un outil réellement efficace ? 

Dès les années 50, Kevin Lynch (psychologue cognitif) développe les premières notions relatives aux cartes mentales, appelées “mental map” en anglais. Dans les années 1970, le concept se démocratise réellement et il est de plus en plus utilisé et mis en avant par majoritairement des spécialistes en psychologie cognitive qui rédigent différents travaux sur l’apprentissage pur des connaissances.  

Ce concept reprend la notion de synthèse autour d’une idée générale pour faciliter la visualisation des informations qui en dépendent mais aussi pour organiser des idées. Les principaux rôles de ce concept sont de : 

  • Développer et faciliter les deux hémisphères du cerveau car les compétences liées à l’imagination dépendent de l’hémisphère droit et celles liées à la logique de l’hémisphère gauche.  
  • Visualiser une information dans sa globalité en ayant tout de même des détails importants sur la notion mise en avant.  
  • Comprendre plus facilement une situation dans sa globalité, dans le cas où la carte mentale a été faite par l’individu lui-même. En effet la construction d’une carte mentale doit être basée sur son fonctionnement cérébral, sa propre logique sinon cet outil sera un frein à la compréhension et à l’acquisition. Elle peut aussi servir de support lors d’une réunion mais parfois elle crée un frein car la pensée est une individualité. Personne ne peut obliger un individu de changer sa technique de penser pour comprendre une notion.  
  • Permettre de mettre en avant les liens entres les idées, les causes de la notion étudiée 
  • Mémoriser plus facilement, en particulier pour les profils visuels mais aussi kinesthésiques puisque la carte mentale doit être construite individuellement. 

Les fervents utilisateurs mettront en avant certains avantages de la carte mentale :  

  • La simplification d’idées complexes : les représentations visuelles, face à des textes composés de longues phrases détaillées, facilitent bien souvent la compréhension  
  • La cohésion grâce à un travail d’équipe car ce concept peut utiliser par exemple la technique du brainstorming pour la construction avec des collaborateurs 
  • La stimulation de la créativité car plusieurs outils de design peuvent être utilisés : les pictogrammes, les couleurs, les puces, les polices…. 
  • Le développement de la flexibilité des individus en effet c’est un outil flexible et adaptable qui peut connaitre des évolutions régulières. 

Cependant suite à une utilisation assez régulière avec des publics différents, l’orthopédagogue que je suis se permet de mettre en avant certains freins de cet outil, qui n’a jamais été un outil magique mais bien un outil facilitateur lors d’une utilisation optimale. 

En effet, ce concept de carte mentale engendre parfois quelques problèmes : 

  • L’individualité de la pensée créée parfois des tensions de compréhension, en particulier lors d’un travail d’équipe avec des membres qui ne sont pas assez ouverts aux adaptations et qui veulent imposer leur façon de penser sans même prendre en compte les autres remarques. 
  • Ce concept est assez chronophage lors de sa conception, en particulier pour les individus qui n’ont pas une pensée en arborescence. Si les liens entre les idées ne sont pas naturels, la complexité de création apparait. 
  • Parfois il est nécessaire d’avoir un minimum de texte qui reste cependant quantitativement trop important pour cette technique.  
  • Ce concept n’est jamais figé, il est évolutif et s’il est utilisé en équipe sa dénomination doit être claire et les versions modifiées transmises à tous pour limiter les conflits de pensées inutiles. 

La carte mentale pour les enfants scolarisés et les étudiants 

Ce concept a été développé dans le milieu scolaire depuis plusieurs années en tant qu’innovation pédagogique. En effet, ces cartes mentales peuvent permettre à des jeunes d’éclaircir les notions et surtout de se les approprier. 

Dans ce cas précis, l’orthopédagogue peut être le premier maillon pour apporter une explication claire, précise sur la conception elle-même de cette carte mais son rôle sera beaucoup plus important en réalité. En effet, il va accompagner l’apprenant à construire, organiser les idées en fonction de la notion étudiée mais aussi des objectifs définis au départ de la leçon. Grâce à un questionnement précis, ce spécialiste va comprendre et définir la façon de penser, d’organiser du concepteur et il va aussi amener des informations, explications complémentaires qui n’auraient pas été acquises lors de l’étude de la notion en classe, par exemple. 

La conception par l’utilisateur permet aussi une autosatisfaction de sa réalisation qui va venir compléter son estime de soi, et sa vision de la réussite. En aucun cas, cet outil ne doit être un obstacle. Si c’est le cas, c’est que l’outil n’est pas adapté à l’utilisateur qui doit préférer utiliser un autre concept qui lui correspondra plus. L’orthopédagogue pourra le guider, le diriger vers des outils plus efficaces à son propre profil. 

L’orthopédagogue n’est pas un créateur de cartes mentales mais bien un soutien, un guide pour un apprenant ayant envie d’utiliser cette technique de mémorisation. Il peut aussi amener ce concept qui est parfois méconnu et surtout mal connu et mal maitrisé. Encore une fois, un outil non adapté à son utilisateur mais aussi mal maitrisé est un frein et pas un facilitateur d’apprentissage.