Depuis quelques années, je recherche l’efficacité dans l’exécution de mon propre travail pour pouvoir proposer des stratégies efficaces et argumentées aux personnes suivies. Au début de mes suivis à domicile, je me suis confrontée à une petite fille qui n’avait pas la notion du temps. Dans cette situation, pas évident, de prévoir, de se projeter même sur le temps d’une séance, il a donc fallu trouver une solution. J’ai décidé de réutiliser mon minuteur que je possédais lors de mes cours pratiques de cuisine avec mes élèves de SEGPA (Section d’Enseignement Général et Professionnel Adaptée). La technique a été concluante mais l’outil n’était pas le plus adapté. Après quelques recherches, j’ai mis la main sur un timer avec toutes les fonctions que je recherchais : la notion de temps qui reste, la notion de temps écoulé.
Depuis que je possède un timer, mon organisation personnelle et professionnelle ont aussi changé. Je peux désormais transmettre une technique qui fonctionne en ce qui concerne la gestion du temps et le temps de concentration. Personne ne m’avait jamais parlé de ce type de technique. Après pas mal de recherches d’informations, j’ai découvert Francesco Cirillo.
Francesco Cirillo est l’inventeur de la technique “Pomodoro” dans les années 80, c’est un innovateur dans le domaine des processus qui enseigne à la Berlin School of Economics et qui forme à travers le monde. Aujourd’hui, il continue de développer des outils pour améliorer la productivités des individus. Mais quelle est cette technique de gestion du temps pour améliorer sa productivité ?
Doit-on parler de productivité avec des apprenants ?
En effet, la notion peut sembler inadaptée mais par définition la productivité est, d’après le dictionnaire, un caractère qui fournit quelque chose en quantité. Ici nous pouvons donc dire que l’apprenant fournit des savoirs à son cerveau. La notion de productivité peut donc être abordée et les principes qui la régulent aussi.
La technique “Pomodoro” consiste à séparer des périodes de travail définies par des périodes de pause pour faciliter l’agilité intellectuelle. Cette technique se base sur les méthodes utilisées pour les développements de logiciel. Elle se décompose en cinq étapes :
- Définir la tâche à réaliser, préparer son matériel
- Régler, ici, le pomodoro (minuteur) sur 25 minutes
- Travailler jusqu’au signal sonore
- Prendre une courte pause comprise entre 5 et 10 minutes
- Prendre une longue pause (20 minutes) tous les 4 cycles
Depuis j’utilise cette méthode au quotidien avec mes apprenants et je la mets parfois en place de façon plus informelle pour y trouver une efficacité réelle. Pendant les 25 minutes, il faut uniquement se consacrer à la tâche définie au départ en se coupant des sollicitations extérieures (attention aux réseaux sociaux qui sont chronophages !) Mais pourquoi un timer (minuteur) ? Mais pourquoi 25 minutes ? Mais pourquoi une pause ?
Le timer permet de conditionner l’individu dans sa tâche en effet les gestes de réglages permettent au cerveau d’entrer dans la phase de réalisation. Ce conditionnement peut être renforcé par un tic-tac mais souvent chez les enfants en manque de confiance en eux, ce tic–tac est angoissant. A l’origine, il existait car le minuteur était mécanique, aujourd’hui il est possible de trouver différents formats. Mais la mise en condition reste indispensable.
Plus qu’un vrai tempo, les 25 minutes représentent une période bien définie et régulière. Ce temps peut être variable, en particulier avec des enfants en grandes difficultés ou souffrant d’une phobie. Le principal est de garder un début et une fin suivis d’un temps de bien-être pour soi.
La pause correspond dans la technique d’origine destinée au développement de logiciels au temps nécessaire à l’enregistrement. Et notre cerveau étant aussi une réelle grosse machine, il faut lui donner des temps de pause pour éviter de “griller son moteur”.
Cette technique permet
- de supprimer les interruptions inopinées et surtout inutiles en se concentrant sur sa tâche
- et encore plus de ressentir un moment de gratification et de réussite à la fin du cycle.
Il faudra toujours mettre en avant ce qui a été réalisé et non ce qu’il reste faire pour permettre à l’apprenant de prendre confiance en lui et de développer son estime de soi.
Encore une fois, les principes orthopédagogiques permettent souvent de petites réussites qui ensemble permettent d’atteindre l’objectif défini. Marche après marche, l’apprenant progresse. Il retrouve un réel plaisir à travailler sans même sans rendre compte.
De façon plus pratique, l’orthopédagogue peut disposer de son timer qu’il emmène, comme moi, partout et qui a sa place dans son cartable. Mais il existe aussi des applications pratiques à mettre sur un PC, quand un apprenant est équipé par exemple. Ce type d’applications va permettre à l’apprenant d’envisager l’autonomie pour l’utilisation, dans le respect des autres (surtout en classe), de cet outil utilisé à tout moment de la vie d’un apprenant et sous plusieurs formes.
Dans ce cas précis, l’orthopédagogue apporte un outil et une technique adaptée et individualisée pour permettre à un individu de prendre conscience du temps et plus encore des tâches accomplies et réussies. Il sera un réel point d’appui vers l’autonomie.