« L’organisation n’est pas mon point fort… et pourtant, c’est elle qui a tout changé. »
Durant une période de pause professionnelle, on pourrait s’attendre à un rythme plus léger. Et pourtant, c’est souvent le moment où les projets personnels reprennent de l’élan. C’est ce que j’ai vécu récemment en travaillant sur la création d’un module de formation. Un projet dense, passionnant… mais qui demandait une rigueur que je n’ai pas toujours naturellement.
Alors, comment avancer efficacement sans s’épuiser ? En appliquant, presque sans m’en rendre compte, des principes d’orthopédagogie à ma propre méthode de travail.

Apprendre à s’organiser… comme on apprend à apprendre
En orthopédagogie, on part toujours des besoins, des forces et des défis de l’apprenant. Ici, l’apprenant, c’était moi ! Je savais ce qui me freinait : la difficulté à maintenir une organisation sur le long terme, la tendance à me disperser, la fatigue face à des tâches répétitives. Mais je connaissais aussi mes leviers : le goût de l’esthétique, le besoin de sens, l’envie de voir concrètement mes progrès.
C’est exactement ce que vivent beaucoup d’élèves : ils ne manquent ni de volonté ni de capacités, mais ont besoin d’une méthode adaptée à leur fonctionnement cognitif et affectif.
Structurer les tâches pour visualiser les avancées
Pour ce projet, j’ai donc adopté une démarche très visuelle et progressive :
- Décomposer chaque tâche en sous-tâches précises et actionnables.
- Créer des gabarits pour garder une cohérence de structure et de mise en page.
- Utiliser un tableau de suivi, avec des cases à tamponner pour chaque action réalisée. L’effet visuel est immédiat et gratifiant : chaque tampon devient une petite victoire !
- Organiser mon matériel de manière à ce qu’il soit toujours accessible, évitant ainsi la perte de temps et d’énergie liée à la recherche.
👉 Cela ressemble étrangement à un classeur d’élève bien pensé : des intercalaires pour structurer, des fiches claires, des codes couleur… L’objectif est le même : réduire la charge cognitive pour se concentrer sur l’essentiel.
S’appuyer sur le plaisir sensoriel et esthétique
Tu le sais peut-être, mais le lien affectif au matériel peut être un levier puissant. J’ai sorti mes plus beaux stylos-plumes, mes feutres colorés, mes stickers favoris. J’ai choisi un joli carnet fleuri qui donne envie d’écrire. Chaque page est soignée, décorée, accueillante.
Ce soin donné à la forme n’est pas superficiel : il engage l’attention, stimule la motivation, et donne envie de revenir. C’est la même logique que lorsqu’un élève prend plaisir à compléter un cahier propre, personnalisé, dans lequel il se sent « chez lui ».

Anticiper les moments de baisse d’énergie
J’ai aussi noté dans mon carnet les dates-clés, les étapes à franchir, les éventuelles baisses de motivation. Pouvoir me relire, constater mes avancées passées, m’a permis de rester ancrée dans une dynamique positive. Ce retour réflexif est central en orthopédagogie : apprendre à se connaître pour mieux réguler son effort.
Même les tâches les plus complexes sont devenues abordables. Et même si le projet évolue, je ne perds pas pied, car je vois clairement ce qui est fait, ce qui reste à faire, et comment chaque élément s’articule dans un tout cohérent.
Et si on appliquait cela aux élèves ?
Cette expérience personnelle m’a rappelé à quel point une méthodologie adaptée peut transformer la façon de travailler. Pas en imposant une méthode universelle, mais en proposant des outils personnalisés, sensoriels, visuels, concrets, qui aident à structurer l’action et à donner du sens à chaque étape.
Quelques idées transposables en classe ou à la maison :
- Proposer un cahier de suivi visuel avec des codes couleurs ou des autocollants.
- Créer des tableaux de progression à tamponner ou cocher.
- Mettre à disposition du matériel plaisant : stylos, carnets, pochettes organisées.
- Encourager la décomposition des tâches et l’usage de modèles ou gabarits.
- Intégrer des temps de retour sur soi : “Qu’est-ce que j’ai appris aujourd’hui ? Qu’est-ce qui a bien fonctionné ?”
Conclusion : L’organisation comme compétence à cultiver
On parle souvent d’organisation comme d’une qualité innée. Mais c’est surtout une compétence qu’on peut développer — chez soi comme chez les élèves — à condition de trouver les bons appuis, les bons outils, les bons rituels.
Ce projet m’a appris que l’efficacité n’est pas une question de nature, mais de structuration adaptée. Et que l’orthopédagogie, même en dehors du contexte scolaire, reste une précieuse alliée.